WATERMELON SLIM: Golden Boy (2017)



Watermelon Slim sort un nouvel album paru chez Dixiefrog/Borderline Blues. Il n’avait rien proposé depuis 2013 mais ça valait le coup d’attendre. Cet artiste puise son inspiration dans les racines les plus profondes du blues. Le vrai blues ! Le blues des pauvres. Celui qui tord les tripes quand on se réveille pour affronter une nouvelle succession d’emmerdes. Celui qui tombe sur sa proie sans prévenir au détour d’une morne journée de travail. Celui qui vrille le cerveau quand on rentre se coucher dans le taudis dont on a du mal à payer le loyer. Celui qui serre le cœur quand on contemple ses enfants et que l’on se demande comment on va les faire bouffer le lendemain. Le blues sans pitié qui ne fait pas de cadeau. Á soixante-huit ans, Waterlemon Slim chante et joue ce blues d’une manière exceptionnelle.Il sait balancer une rythmique de guitare à la John Lee Hooker. Il peut s’accompagner seul au dobro dans la grande tradition du Delta blues (« You’re going to need somebody on your bond ») ou du country blues (« Nothern blues »). Il mélange « swamp rock » et boogie tout en laminant sa slide sur « Pickup my guidon », un titre doté en plus d’un très bon solo de piano. Il s’inspire du folklore des Indiens d’Amérique sur « Wolf cry » qui débute par un chant tribal et un tambour battant le rythme durant toute la chanson. Sur ce morceau, la slide de Slim se révèle diablement efficace. Mister Watermelon se défonce à l’harmonica sur le lancinant et hypnotique « Mean streets ». Il touche directement au cœur avec « Cabbage town » (une splendide ballade avec piano, guitare acoustique, mandoline, harmonica et chœurs) et « Winner of us all » (un slow jazzy et mélodique). Enfin, il sait faire tourner un « Southern groove » tout en envoyant un excellent solo de slide sur « Dark genius ». Du bon boulot, vraiment ! On peut saluer au passage le label Dixiefrog qui continue de distribuer d’excellents artistes malgré une conjoncture musicale relativement défavorable. Watermelon Slim joue sa musique comme il vit sa vie. Simplement. On appelle cela l’authenticité ! Keep on slidin’, Slim !
Olivier Aubry